Le décret n°2016-505 du 22 avril 2016 (publié au JO du 24 avril) détaille les mesures de transparence que doivent respecter les sites de comparaison en ligne (pour des produits et/ou services). Il intervient à la suite de la loi Hamon obligeant les comparateurs en ligne à fournir une information « loyale, claire et transparente » aux utilisateurs.
Depuis le 1er juillet 2016, les comparateurs en ligne sont désormais tenus de se conformer à ces nouvelles exigences de transparence.
Acteurs concernés
Trois grandes catégories d'acteurs sont considérées comme des sites de comparaison en ligne :
Si les premières et troisièmes catégories d'acteurs concernés apparaissent assez évidentes, la seconde catégorie semble plus problématique. Beaucoup de sites de commerce électronique permettent aux utilisateurs de comparer les produits ou services qu'ils vendent : sont-ils pour autant tous concernés par ces nouvelles mesures de transparence ? En d'autres termes, qu’est-ce que, concrètement, un site de vente à distance ayant pour principale activité la comparaison de ses propres produits et services ? Des éclaircissements devront être apportés à cette notion.
Les mesures de transparence prévues par le décret
Le décret oblige à titre principal les sites de comparaison en ligne à consacrer une rubrique spécifique du site à la description du processus de comparaison, cette rubrique devant inclure :
Le décret précise encore ce qui doit être affiché directement sur le haut de chaque page de résultat, à savoir :
Le décret précise ensuite la nature des informations devant être affichées à proximité de chaque offre. Sont visés :
Enfin, toute offre pour laquelle le classement est modifié en conséquence d'une rémunération reçue par le comparateur, doit être clairement marquée avec le libellé "Annonces".
Sanctions applicables en cas de non-conformité
Il convient de relever qu’une autre réforme récente du Code de la consommation (ordonnance n°2016-301 du 14 mars 2016) aggrave de manière significative les sanctions administratives prononcées par la DGCCRF et a ici un impact direct.
En effet, toute défaillance des comparateurs en ligne dans le respect de l'obligation de transparence et donc des mesures prévues par ce nouveau décret peut être punie par une amende administrative allant jusqu'à 375.000 euros (lorsque le manquement est commis par une personne morale). Cette amende sera appliquée par la DGCCRF suivant respect de la procédure prévue au sein du Code de consommation à cet effet, prévoyant notamment une mise en demeure préalable de la société et une faculté de présenter ses observations en réponse.
Des décrets similaires dans un avenir proche ?
Il est intéressant de noter que d'autres dispositions récentes et à venir du Code la consommation imposent à certains autres acteurs en ligne, notamment les places de marché, des obligations de transparence similaires. Le projet de loi pour une République Numérique prévoit également un article imposant aux sites d’avis en ligne à fournir cette même information « loyale, claire et transparente ». Un décret d’application est également prévu pour chacun de ces nouveaux articles du Code de la consommation. Est-ce à dire que les places de marché et plateformes d’avis en ligne doivent s’attendre à un décret similaire dans un avenir proche ?
Si le but de protéger et de fournir une meilleure information aux consommateurs semble louable, on peut toutefois déplorer qu’il s’agisse ici de règles contraignantes et spécifiques à la France, nécessitant un lourd travail d’adaptation pour les acteurs étrangers dans leur stratégie européenne. Ce particularisme français ne semble pas vraiment en phase avec l'objectif de la Commission européenne de créer un marché unique numérique où les acteurs en ligne n’auraient qu’un corpus de règles à suivre, notamment au regard du droit de la consommation, et ce pour tout le marché européen.